Earache s’explique sur les sources utilisées pour les réeditions vinyle de Morbid Angel

Earache s’explique sur les sources utilisées pour les réeditions vinyle de Morbid Angel

Le label de metal underground Earache a sur son blog abordé un sujet assez épineux, en réponse à la question d’un fan, au sujet des rééditions en vinyle des premiers albums de Morbid Angel, le quatuor américain de death metal. Voici la traduction de l’article (lire l’article original):

réeditions gatefold vinyl de Morbid Angel par Earache

Quelle source avez-vous utilisé pour la réedition vinyle des albums [de Morbid Angel]. Est-ce un re-master ou une copie de la source d’origine ?

Réponse de Earache

Merci pour ta question Jase. Nous avons récemment réédité les 4 premiers albums de Morbid Angel en vinyle (NDLR: Altars of Madness, Blessed are the Sick, Covenant et Domination) gatefold, et nous avons utilisé le CD comme source. Chez Earache, nous gardons bien évidemment toutes les bandes analogiques d’origine ainsi que les matrices en metal utilisées pour le pressage des éditions d’origine, mais même si c’est triste à dire, leur utilisation n’est vraiment pas pratique en 2011. C’est pour cette raison que les réeditions de 2011 n’ont pas vraiment le même son que les pressages originaux.

L’audio analogique est un format à fort caractère, et arriver ne serait-ce qu’à trouver aujourd’hui un lecteur correct pour les bandes d’origine est un vrai calvaire. A moins que l’on arrive à retrouver la vitesse, les réglages et l’égalisation exacte du jour où le mastering d’origine à eu lieu, il y a fort à parier que le rendu sera différent.

J’avais déja évoqué le sujet sur ce blog (NDLR: le blog d’Earache) de nos différentes tentatives de remastering des albums de Morbid Angel à partir des bandes analogiques originales: nous avions abandonné le projet car le résultat était trop différent de l’original. Il faudrait vraiment que je retrouve ces bandes et que je les poste un de ces quatre.

l’autre écueil auquel nous sommes confrontés est que la majorité des usines de pressage ont disparu, et qu’environ 75% des pressages européens viennent de l’usine GZ en République Tchèque. Or cette usine impose de livrer les master par Internet, ce qui ne manquera pas de choquer les audiophiles qui lisent ces lignes (NDLR: je confirme).

La raison principale pour laquelle nous dupliquons à partir du CD, est que ces albums se sont vendus par milliers au cours de ces 20 dernières années, et que donc, les fans sont habitués au son de cet album, que nous ne pouvons donc pas nous permettre de modifier, sous peine de faire de nombreux mécontents.

Les groupes Earache plus récents ne sont pas confrontés à ce problème. La politique du label est d’arriver à reproduire sur vinyle le son le plus proche possible du son studio. Nous nous efforçons de supprimer tous les effets digitaux lors du mastering du vinyle, et il est bon de noter que 2 sessions de mastering sont organisées pour chaque album: une pour le CD […] et une pour le vinyle, dont le but est de retranscrire au mieux les dynamiques du studio.

Bref, chacun se fera son opinion, mais je ne suis personnellement vraiment pas convaincu par ces arguments. Je trouve cela dommage que des pressages vinyle utilisent les sources CD de nos jours puisque la plupart des amateurs de vinyle le son aussi pour la chaleur du son analogique. Ce n’est que mon avis, qu’en pensez-vous ?

Wax

Créateur de Vinyle Actu en 2010, passionné de disques vinyles et de metal en général. Vinyle Actu recherche en permanence de nouveaux rédacteurs : si tu te sens la plume acérée et que celà t'intéresse, merci de me contacter.

Cet article a 6 commentaires

  1. Audiomateur

    Merci pour cet article crucial !

    Tout d’abord, saluons et remercions EARACHE pour la franchise sans détour de sa réponse! Ce n’est pas courant de nos jours de lire des réponses aussi transparentes de la part d’une entreprise commerciale !
    Alors un grand MERCI pour cet acte de bravoure digne d’un « Metal Heart » ! enfin un mec qui joue cartes sur table, malgré l’impact présupposé de sa réponse…

    Quoi qu’il en soit, nous avons là matière à discourir pour un moment !
    Alors à vos touches, amis du vinyl et défenseurs de la musique et du bon son (pas celui qu’on donne aux ânes en pitance) !

    D’une part, je réalise grâce à cette réponse d’EARACHE et aux « Chroniques express » de Vinyle actu (voir archives « Part de marché du vinyle depuis 1980 ») à quel point le soubresaut du marché vinyle est en grande partie dû à la tendance « vintage » actuelle.
    La galette noire à en effet survécu aux 90’s grâce aux DJ qui l’utilise pour scratcher ; c’est maintenant l’humanité du son et la nostalgie pour certains, mais je crains beaucoup plus la mode pour d’autres , qui relancent les pressages vinyles.
    Tout comme la réapparition en nombres des tubes/lampes dans les électroniques Hi-fi actuelles ! Ces derniers ont survécus jusqu’ici grâce aux musiciens, qui à leurs heures d’écoutes, ne retrouvaient le son originel et la présence des instruments qu’à travers des technologies à tubes !
    Là aussi, c’est l’ Europe de l’est et la Chine qui s’y collent pour la production des tubes hi-fi actuels ! à côté de cela, comme dans le vinyle, les vieux modèles (ou NOS :New Old Stock) parfois fabriqués dans les années 50, se monnayent à prix d’or !
    On aperçoit ainsi sur le marché des éléments Hi-fi opportunistes, mal conçus, sans âmes mais avec de beaux tubes qui luisent, bien visibles : Wahou, la classe ! ces produits trouvent alors preneurs auprès d’oreilles complètement déformées par le numérique compressé… mais très sensibles à l’aspect Old School du « bazar » et aux belles annonces marketing , plus occupées à vider nos poches qu’à nourrir nos oreilles avec du bon son ; tout comme l’agro-industrie avec nos estomacs !

    Vous saisissez l’analogie du marché hi-fi avec celui du disque vinyle :

    C’est le contenant qui prime sur le contenu ! ou  » des verroteries pour amadouer les indigènes » !

    Ces vieilles technologies prennent du temps (et donc de l’argent) à produire correctement ; peu ont donc l’audace d’investir dans le développement de ces technologies car une fois la tendance précaire évaporée, elles ne s’adressera plus qu’à quelques amateurs à l’oreille éduquée, prêts à payer cher pour cette rare qualité.

    Pour un citoyen au revenu moyen, il faut choisir entre la voiture, ou la chaîne Hi-fi pour toucher à la VRAIE émotion musicale ! celle qui fait battre la mesure, dresse les poils des bras et fait poindre la larme à l’œil !

    Donc, une fois cette mode vintage passée et la Hi-fi dématérialisée pleinement démocratisée, que restera-t-il de l’offre vinyle/tubes ? le petit marché de niche des inconditionnels et autres audiophiles convaincus ? rares mais suffisamment payeurs pour faire vivre des entreprises de taille modeste ?
    Il ne restera alors pas grand chose à se mettre sous la dent en matière de titres et de diversité à part les ersatz de vinyles actuels, comme ceux que EARACHE (finalement, ce label porte bien son nom !)et bien d’autres ce mettent à produire à partir de CD !
    Dans le cas présent, il vaut mieux écouter le CD directement, il y aura moins de pertes !

    Le plaisir du rituel d’écoute du vinyle a ses limites ! N’oublions pas qu’avec une bonne platine et un bon disque analogique on retrouve des fréquences et une émotions parfois gommées avec les mauvais CD et/ou lecteurs CD ! c’est donc une hérésie artistique d’enlever au vinyle son principal intérêt qui réside dans un procédé de fabrication soigneux !

    D’autre part, si c’est le seul moyen pour les labels de produire des vinyles au prix abordable et au son passable (car parfois les originaux vieillissent mal), alors peut être faut-il s’en contenter pour le moment mais le doute va toujours planer à l’achat… il faudrait alors afficher la source au dos des pressages comme c’était le cas au début du CD (AAD, ADD ou DDD). dans le cas d’EARACHE, ça donnerait du DDA !
    je vous rappelle le sens de cette abréviation : enregistrement/mixage/transfert au support, en Analogique ou Digital. Un vrai repressage donnerait du AAA ou du ADA.

    Les plus optimistes trouveront que le côté hasardeux de la qualité des enregistrements fera partie du charme de la collection ! celle-ci se divisera alors entre les vraies trouvailles à l’enregistrement fidèles et les pâles copies pour le plaisir des yeux… mais là, nous rentrons dans le vaste sujet du fétichisme propre à de nombreux collectionneurs… décidément, le vinyle, quelle aventure !

    J’ai hâte de lire vos point de vues !

    Amicalement,

    Audiomateur.

  2. vlad

    voila un article fort intéressant sur le vinyl.
    dommage qu’ils s’y prenne de cette façon pour rééditer de vieux albums,
    mais bon après tout certains albums d’époque atteigne vite des sommes très élevé
    et le fait de les retrouver, même si c’est refait a partir d’un cd; je prend quand même.
    Pour ma part je trouve que le son est vraiment différent surtout quand j’écoute la
    réédition de « morbid angel » en 180gr puis ensuite en cd.

  3. Eric Syre

    Il ne faut pas se leurrer, la majorité des master audio aujourd’hui sont à la base numériques. Les plupart des manufacturiers de vinyles demandent un master audio en CD ou en WAVE; oublions la source analogique. Pour ce qui est des albums ayant été enregistrés sur ruban ou qui datent de l’époque pré-numérique, la majorité des masters audio sont désuets, mal entretenus ou tout simplement inexistants. L’utilisation du CD comme source est parfois inévitable… En bout de ligne, il faut se rappeler que peu importe l’origine du master, la gravure, la matière utilisée, le système sur lequel le disque jouera, l’ampli phono utilisé… tout influence la sonorité de ce que nous entendons.

    J’aime mes vinyles car leur présentation est géniale, le format est plus raisonnable que le CD et qu’ils requièrent un certain rituel technique et une attention d’écoute plus particulière que les CD ou les MP3.

    C’est en combinant les avantages de chaque format qu’écouter de la musique est une expérience satisfaisante.

  4. Menini

    J’ai une bonne platine, un ampli très correct, de bonnes enceintes et de bons câbles. Ma chaine est disons le convenable et en l’améliorant un peu à chaque changements, je prends un grand plaisir à réécouter mes vieux vinyls.
    Pour compléter ma collection, j’ai acheté des Doors (neuf). Catastrophe, le son est pourri, j’ai l’impression quand je les écoute en sortie directe, d’entendre de la daube MP3…
    En trichant à fond avec les boutons graves et aigus, plus le loudness, il y a un petit mieux.
    Récemment j’ai acheté neuf (nouveau pressage) le « Nuggets » pareil ! Même son MP3 de M…..
    Je n’achèterai plus jamais de vinyles re-pressés, c’est une escroquerie.
    Serge

  5. Bozyeuds

    C’est vraiment triste de se sentir dupé.. Je suis en train d’investir sur du matériel vintage de qualité et cela veut dire que cela ne sert à rien. Comment faire pour avoir les informations sur la qualité de pressage et la source employée pour le pressage. Vu que même sur la pochette rien n’est indiqué?
    En lisant votre article je commence à déchanter.

    1. Baptiste Houzet

      tout simplement acheté du CD récent, sans doute le meilleur support actuel avec les fichiers très hautes résolutions. Le mauvais son du cd est un mythe issus des premier masters catastrophiques mais aujourd’hui un bon CD vaut un 33. D’ailleurs sur du matériel milieu de gamme (je parle de chaine autour de 1500 euros plus ou moins récentes) mieux vaut du CD je pense, une bonne platine coute moins cher et la différence LP/CD ne sera pas audible.

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