Extraits traduits de l’anglais, parus initialement sur Channel News (voir la source).
La tendance consistant à presser les albums vinyle depuis des sources digitales (et non analogiques) semble entraîner une vague d’inquiétude dans l’industrie : pour la première fois depuis plusieurs années, les ventes de vinyle stagnent au premier semestre 2017.
Au cours du premier semestre 2015, les ventes de vinyle avaient progressé de 38% (NDLR: le marché concerné n’est pas précisé) comparé à la même période sur 2014. 5,6 millions de disques écoulés selon le panel Nielsen Music.
En 2016, cette croissance était retombée à 12%, et au cours du premier semestre 2017, les ventes ne sont en croissance que de 2%. « Ca se tasse vraiment » déclare Steve Sheldon, directeur de l’usine de pressage Rainbo Records à Los Angeles. Selon lui, la bulle n’est pas du tout en train d’éclater (les carnets de commande des usines de pressage sont plus que pleins), mais « le marché a atteint un plafond de verre ».
Malgré le fort retour du vinyle depuis quelques années, la qualité des nouveaux vinyles n’égale pas la qualité des « anciens » vinyles (NDLR: lorsque le vinyle était le media principal) car les maisons de disques s’entêtent à utiliser des sources digitales pour presser leurs vinyles. En effet, les vinyles étaient au préalable pressés depuis des masters analogiques, c’est la raison pour laquelle ils sonnaient si bien (NDLR : bon, ça vous en faites ce que vous voulez, on en reparle à la fin de l’article, mais c’est un poil plus compliqué).
Selon les « experts » (NDRL : l’article ne cite pas ses sources), environ 80% des réeditions actuelles sont pressées depuis des sources digitales, ou des CD de mauvaise qualité parfois.
Selon Michael Fermer de AnalogPlanet : ces fichiers digitaux sont souvent très forts et compressés, prévus pour être lus par des téléphones ou des baladeurs, mais pas sur des chaînes de salon. Ce qui sort d’un vinyle aujourd’hui est parfois (NDLR : très souvent) moins bon que ce qui sort du CD.
Il poursuit : Ils réeditent de vieux albums mais n’utilisent pas les masters originaux afin de gagner du temps et de minimiser les coûts. Mais ils les ont les masters originaux bien souvent. Ils pourraient les ressortir et faire les choses correctement en mettant un bon ingénieur du son sur le coup, mais ils ne le font pas.
Lorsque les labels indiquent qu’ils utilisent les masters originaux (NDLR : le fameux « sourced from the original analog tapes »), en fait c’est souvent plus compliqué. Selon Russel Elevado, un ingénieur / producteur ayant obtenu deux Grammy pour son travail, les « labels cachent souvent la vérité« . En fait, ces derniers indiquent utiliser les masters originaux lorsqu’ils sont « disponibles ». Parfois les bandes originales ont été détruites ou perdues, ou sont trop endommagées. « Les réeditions de mauvaise qualité sont parfois du fait de petits labels n’ayant pas les moyens de dépenser beaucoup d’argent dans le processus de mastering ou de pressage », estime Billy Fields, un expert du vinyle chez Warner Music Group (NDLR : une major).
Universal Music Group et Sony Music Entertainment, les deux autres major, n’ont semble-t-il pas souhaité s’exprimer à ce sujet.
En fait, le fait que le master soit digital n’est pas le problème du moment que le son est adapté au support vinyle, qui exige notamment une étape de mastering bien spécifique. (NDLR : des labels sortent parfois le même disque masterisé de manière différente pour le vinyle et le CD, nous vous avions parlé par exemple des réeditions des albums d’Iced Earth ou encore du dernier David Gilmour).
Enfin, l’article soulève à juste titre que les prix de vente des vinyles neufs ont explosé : il n’est pas rare de payer une nouveauté 30 voire 35€, prix « justifié » par des arguments vaseux comme le 180 grammes (« vinyle de qualité audiophile »), ou encore le fait de mettre un album sur deux disques alors qu’il tiendrait sur un vinyle sans aucun problème : pour rappel une face peut contenir environ 22mn de musique sans perte de qualité. Mon avis sur le 180 grammes en vidéo
Bref, en ce qui me concerne, et je me répète :
- Attention au marketing du type « 180 grammes deluxe quality »
- Un double LP sert souvent à vous faire payer plus cher (pas toujours)
- Si rien n’est mentionné quant à la source utilisée ou au traitement effectué il est assez peu probable que les masters originaux soient utilisés (il existe des exceptions comme par exemple le très bon label Music on Vinyl qui prêtent une attention particulière aux masters. Une recherche sur Google vous aidera à trouver d‘autres labels dignes de ce nom)
- Il est très difficile d’obtenir des informations de la part des Major au sujet des sources utilisées, mais certains forums de passionnés comme celui ci pourront vous aider à trouver des réponses. Par exemple, je n’ai jamais trouvé d’infos sur la série Back to Black, la division vinyle d’Universal, malgré un catalogue qui grossit pas mal ces derniers temps. Au vu des avis récoltés à droite à gauche, beaucoup de gens pensent qu’Universal utilise la source CD pour presser les réeditions vinyle. Si quelqu’un a des infos précises à ce sujet, je suis preneur svp.
- Une source digitale n’est pas forcément un mal, le plus important étant le traitement effectué pour le support vinyle spécifiquement.
- Essayez de privilégier un pressage original lorsque c’est possible : parfois la différence de prix entre l’original et la réedition est faible, dans ce cas, je choisis l’original pour ma part.
Depuis que je le dis, ça fait plaisir de lire que d’autres partagent le même avis
Le sujet traite de la réédition, et en effet, en ayant acheté quelques uns que j’avais eu dans ma jeunesse, soit je n’avais pas du matériel de qualité au début, soit la réédition est déplorable. Ayant conservé des vinyles fin des années 60 au début de l’ère des CD, je m’aperçois que les plus récents sont de meilleure qualité musicale. Cela viendrait de l’évolution des microphones et de la qualité de pressage , à confirmer ! Merci